Défendons la liberté d’expression et la participation politique en Colombie.
Les personnes, organisations et partis soussignés refusons les détentions arbitraires des dirigeants et dirigeantes des organisations sociales Congreso de los pueblos et Marcha Patriótica, exigeons que cessent les « faux positifs judiciaires » et que soient données les garanties pour l’exercice de l’opposition politique en Colombie.
Les faits
Le 8 juillet 2015, la police nationale et le Ministère Public ont arrêté 13 personnes qui, avec un déploiement médiatique, ont été accusées d’être responsables de plusieurs attentats à la bombe réalisés le 2 juillet à Bogota et ont retenu contre elles les charges de « terrorisme, délinquance organisée,dommage aux biens et rébellion ». A ces faits il faut ajouter que des membres de Marcha Patriótica ont également été détenus dans diverses régions du pays et que divers dirigeants et dirigeantes populaires ont été assassinés, assassinats qui sont restés impunis.
Concernant les évènements à Bogota, le Ministère Public, dans le cadre de l’audience, a présenté comme preuves de liens des personnes détenues avec les insurgés de l’ELN : des drapeaux du Congrès des Peuples, des travaux académiques, des affiches de mobilisation, des livres et des images du père Camilo
Avec ces accusations, soutenues par des déclarations contestables, le principe probatoire international de présomption d’innocence a été violé. Ces agissements des autorités constituent de plus une réédition de l’inquisition, qui diabolise les idées et les personnes et nie la pluralité, la liberté d’expression et d’opinion. C’est une condamnation sans procès de jeunes engagés dans les luttes pour les droits des femmes, dans leurs activités de journalistes, de philosophe, de défenseurs des causes environnementales, pour la défense d’une éducation de qualité et animateurs de débats sur la
territorialité urbaine. (Voir le profil en annexe des détenu-es).
Cette criminalisation des protestations sociales arrive à un moment crucial pour le pays, engagé dans des négociations de paix avec les FARC à la Havane et dans des dialogues exploratoires avec l’ELN. Des voix s’élèvent au sein de la société, au niveau régional, national ou sectoriel pour exiger une plus grande participation du mouvement social afin d’ouvrir une « table sociale pour la paix » dans laquelle celui-ci
Face à ces évènements nous exigeons :
1. La libération des personnes détenues, la garantie d’un procès et le respect des droits de la défense.
2. La reconnaissance de la légalité et de la légitimité des activités que les personnes réalisent en défense d’une société inclusive, libre et sans patriarcat.
3. La garantie de la participation politique, de l’exercice de la protestation sociale, la liberté d’expression et la fin de tous les mécanismes qui font obstacle à la défense des droits humains en Colombie
4. Nous exigeons du Ministère Public d’agir de manière cohérente avec les principes d’indépendance de la justice, en investiguant de manière objective et technique les preuves recueillies. (les charges retenues)
5. Nous exigeons que les institutions de l’Etat colombiens et que les médias prennent en compte l’appel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits humains à respecter le statut de syndicalistes des personnes détenues en l’absence de décisions judiciaires ne les déclarent pas coupables. et publient les rectifications dues.
La paix en Colombie doit comprendre la participation pleine et entière du mouvement social.