Image: LAURENT GUIRAUD
Peut-on encore se souhaiter joyeux Noël ?
Une femme enceinte de 8 mois a été renvoyée par vol spécial mercredi dernier en Italie, alors que les médecins de l’hôpital de Zurich avaient déclaré en novembre u’elle ne pouvait pas prendre l’avion dans son état. A quatre heures du matin, les policiers zurichois ont débarqué dans son foyer d’accueil d’urgence et les ont emmenées, elle et sa fille de 1 an, parce que selon les accords de Dublin, la mère et l’enfant ont été attribuées à l’Italie. Que le père de l’enfant et mari de la femme, ainsi que sa soeur soient tous les deux établi-e-s à Zurich n’a rien changé à la décision de la Suisse, qui semble vouloir à tout prix chasser de son territoire le plus de candidat-e-s possible à l’asile.
Ce n’est pas la première fois que la Suisse se rend responsable d’un traitement inhumain vis-à-vis d’une femme enceinte candidate à l’asile. Il y a peu un douanier a été reconnu coupable de lésions corporelles par négligence, de tentative d’interruption de grossesse et de violations répétées des prescriptions de service. Lors du ransport vers la frontière d’une réfugiée syrienne enceinte de sept mois, il avait ignoré les appels à l’aide de la femme qui s’était plainte de douleurs et de saignements. Son mari avait réclamé à plusieurs reprises une assistance médicale, sans que le douanier ne fasse quelque chose. Au lieu de cela, il a fait embarquer le couple dans un convoi à destination de Domodossola, où la femme a accouché d’un bébé mort-né.
Mais les autorités n’ont rien appris de ce tragique épisode. Mercredi dernier, le médecin de la société Oseara, mandatée par le SEM pour assurer l’accompagnement médical lors des renvois, a ignoré la prescription des médecins de l’hôpital de Zurich et déclaré que la femme pouvait voyager. Cette dernière s’est donc retrouvée avec sa fille de un an, seule dans les rues de Rome, sans appui, sans famille, sans argent... dans une grande détresse et devant s’occuper d’un petit enfant et bientôt d’un nouveau né.
Il est difficile d’exprimer la honte et l’incompréhension devant cette décision tellement elle nous semble absurde et disproportionnée. La Suisse a-t-elle à ce point-là besoin de montrer sa résolution à faire appliquer les accords de Dublin qu’elle prenne le risque de mettre en danger la vie d’une femme et de son enfant à naître ? Que cherche le gouvernement en faisant de telles démonstrations de force ? Manifestement, les droits fondamentaux des personnes et de l’enfant, violés dans le cas présent, ne pèsent pas lourd devant une politique d’asile toujours plus implacable, qui s’abat sur les individus les plus vulnérables.
Le 8 mars prochain une coalition d’associations et de militant-e-s iront remettre au conseil fédéral l’Appel d’elles qui demande une protection pour les femmes et les enfants. Jusqu’à cette date, vous pouvez le signer ici :