Depuis 2015, la politique européenne de la fermeture des frontières a été renforcée et la mobilité des populations migrantes d'autant plus criminalisée. L’espace Schengen, ouvert aux élites internationales, ne cesse de renforcer un arsenal répressif à l’égard des personnes contraintes à l’exil. La répression des déplacements a des effets lourds pour les groupes sociaux qui subissent dans leurs pays d’origine aussi bien les conflits que la pénurie, les persécutions et/ou les violations de leurs droits fondamentaux.
Ces effets pèsent notamment sur les femmes, qui représentent 54% des migrant.e.s en Europe, ainsi que sur les lesbienne, personnes trans, et non conformes à l’ordre genres imposé par le patriarcat. Durant leurs déplacements, et dans les pays où elles s’installent, ces personnes sont également la cible des violences sexuelles et sexistes. Les fermetures des frontières ne font que renforcer le développement des économies mafieuses dans lesquelles les violences économiques, physiques et psychologiques s’articulent aux violences sexistes et sexuelles.
Nous, féministes habitantes de l’Europe, de toutes les conditions sociales et de tous les âges, quelques soient nos provenances, nos luttes, nos choix, nos mondes... Nous, féministes en lutte, sommes totalement opposées aux politiques de criminalisation de la mobilité incarnées par la fermeture de frontières absurdes. « En tant que femme je n'ai pas de pays. En tant que femme je ne désire aucun pays. Mon pays à moi, femme, c'est le monde entier » disait Virginia Wolf, philosophe féministe. Parce que les frontières politiques sont une construction virile et militariste, issus des guerres, des violences, des morts. Pour rompre avec cette histoire, il est urgent de créer des espaces de résistance et de solidarité pour lutter ensemble. Nous sommes en train de le faire. Mais il faut aussi lever nos voix pour dire « Non ! Vous ne nous représentez pas... Ces politiques ne peuvent être menées en notre nom ! Nous ne voulons plus de vos murailles qui nous entourent ! Non ! »
Les politiques migratoires se font à l’échelle européenne : notre résistance doit également se faire à cette échelle. Il est grand temps de déployer nos forces pour rendre visible ce qui ne l’est pas.
Pour cela, nous allons organiser une grande action féministe à la frontière de Vintimille-Menton, les 17 et 18 octobre 2020.
Cette action a été lancée pendant la rencontre européenne "Femmes, migrations, refuges", qui s’est tenue du 27 au 29 septembre 2019 à Genève, Suisse, à l’initiative de la Marche Mondiale des Femmes / Suisse, avec pour objectif de consolider une solidarité active entre femmes et de donner corps à un réseau européen féministe de résistances. Pas moins de 263 militantes se sont ainsi retrouvées pour travailler ensemble, s’écouter, échanger, décider.
A la fin de cette rencontre historique, nous avons décidé d’organiser une grande action féministe, à l’échelle européenne : l’occupation des frontières à Vintimille-Menton, les 17 et 18 octobre 2020. Nous souhaitons mettre en place diverses activités sur le thème des frontières et autres thématiques liées à la migration. Nous vous invitons à vous joindre à nous pour ce projet et proposez des concerts, des ateliers, des conférences, des films, des pièces de théâtre etc. pour populariser l’idée que les frontières ne doivent pas empêcher la libre circulation des personnes, quelle que soit leur origine, leur statut et leurs raisons de voyager. Afin d’être le plus large possible, nous avons opté pour un appel à soutien ouvert, en demandant leur appui à des institutions et en nous adressant aussi au monde politique et de la culture.
Cette action sera une action féministe, pensée et organisée par des femmes, des lesbiennes et des personnes trans. Les autres seront bienvenus pour aider à la logistique et nous soutenir dans cette démarche émancipatrice.
Nous avons constitué une coordination transnationale et des coordinations locales en Italie, en France, en Suisse, en Belgique... Et plusieurs autres. Vous pouvez aussi venir soutenir ces équipes de militantes motivées.
Nous vous invitons à nous rejoindre, pour organiser ensemble cette action pour :
- dénoncer les violences faites aux femmes, aux lesbiennes, aux personnes transet non conformes à l’ordre genres imposé par le patriarcat, avant, pendant et après leur parcours migratoire.
- exiger un accueil digne et la reconnaissance des motifs d’asile spécifique aux femmes, aux lesbiennes, aux personnes transet non conformes à l’ordre genres imposé par le patriarcat.
- exiger l’arrêt de la criminalisation de la migration qui renforce les réseaux de traite notamment.
Souhaitez-vous faire partie de l’organisation ?
Pourriez-vous apporter un soutien officiel ? Un soutien financier ?
Pourriez-vous créer des collectifs locaux pour co-organiser cette action et préparer vos venues, à proposer des activités de toutes sortes pour créer, penser, chanter, danser le monde comme nous le rêvons.
Nous nous réjouissons de recevoir une réponse de votre part à envoyer à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. dès que possible, mais au plus tard d’ici au 20 janvier 2020.
La mer de nos rêves est immense et aucune frontière ne pourra la scinder !
Marche mondiale des femmes/Suisse
Coordination de l’action « Toutes aux Frontières »