Nous militantes de la MMF participons activement aux collectifs de la grève féministe dans toutes les villes où nous sommes présentes. Nous travaillons en particulier sur différents projets en lien avec les migrantes quels que soient leur origine ou leur statut, mais nous participons aussi activement aux autres luttes.
La situation liée au COVID-19 rend la mobilisation collective plus difficile mais ce n’est pas pour autant que nous baissons les bras. Depuis mars 2020, nous constatons avec colère que la pandémie exacerbe les inégalités sociales, économiques, de genre, entre les âges et entre personnes valides et celle·x·s en situation de handicap. Les femmes* sont en première ligne face à la pandémie: nous assumons majoritairement les soins dans les hôpitaux et les EMS, la garde et l’éducation des enfants dans les structures pré-, para- et scolaires, le travail social, le travail aux caisses de supermarchés qui permet l’accès aux denrées alimentaires pour la population ainsi que les services de nettoyage indispensables à la protection sanitaire. Des métiers qui nous exposent davantage au virus. De plus, les mesures de protection telles que les fermetures de commerces, les réductions d’horaires de travail, l’arrêt de certaines activités – notamment celles liées au travail du sexe –, etc. affectent particulièrement nos revenus déjà bas: nous occupons en nombre des emplois précaires et à temps partiel dans les domaines de la culture, des services à la personne ou encore de la restauration, secteurs qui sont touchés de plein fouet par la pandémie. A cela s’ajoutent les tâches domestiques et de care que nous assumons en plus du télétravail. Pendant ce temps, aucune mesure politique majeure n’est mise en place pour changer ce système économique capitaliste profondément inégalitaire, raciste et patriarcal qui méprise la vie et qui est à l’origine de la destruction des écosystèmes dont nous dépendons.
C’est pourquoi, réunie·x·s en ligne à plus de 300, le 30 janvier lors des Assises romandes de la Grève féministe et des femmes* nous appelons toutes les personnes en Suisse à se mobiliser en 2021. Après le 14 juin 2019, le débat politique et plus largement l’avenir de notre planète ne doivent plus se faire sans nous ! Ensemble, nous avons déterminé nos objectifs communs pour les mois qui viennent:
- Nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toute·x·s, quelle que soit notre religion, notre apparence, identité de genre ou orientation sexuelle. Le 7 mars, nous appelons à voter NON à l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage» dont l’objectif est de stigmatiser les femmes* musulmanes. Nous combattons toutes les politiques répressives, sexistes et racistes.
C’est pourquoi nous dénonçons aussi la fermeture des frontières et les politiques de criminalisation de la mobilité qui pèsent particulièrement sur les femmes, personnes trans et non binaires. Nous exigeons notamment que les viols et les violences sexistes et sexuelles à l’encontre des réfugiée·x·s soient reconnues comme motif d’asile. La solidarité féministe internationale et l’intersectionnalité sont essentielles à notre féminisme.
- 65 ans c’est toujours NON ! Nous continuons à nous opposer au projet AVS 21 et exigeons son retrait au profit d’une réforme qui mette enfin en place un modèle de prévoyance vieillesse égalitaire, solidaire et durable. L’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ne contribue que marginalement à améliorer le financement del’AVS. Mettre fin aux inégalités salariales et augmenter les salaires y contribueraient davantage. De plus, augmenter l’âge de la retraite des femmes* ouvre la porte à une retraite pour toute·x·s à 67 ans.
Les collectifs de la Grève féministe et des femmes* appellent à une mobilisation massive le 8 mars pour l’abandon de la réforme AVS 21 et invitent à signer l’appel de l’USS s’opposant à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et réclamant l’augmentation des rentes.
- OUI à la grève pour l’Avenir le 21 mai prochain et aux mobilisations pour le climat durant toute l'année. Nous luttons pour un futur égalitaire et solidaire qui est impossible si le système patriarcal, capitaliste et colonialiste continue de détruire la planète et de se nourrir de l'exploitation du travail des femmes*.
- NON aux violences sexistes et sexuelles. Nous soutenons une redéfinition du viol et de l’atteinte à l’intégrité sexuelle dans le code pénal basée sur le consentement. Nous revendiquons l’application sans réserve de la Convention d’Istanbul et des moyens pour soutenir et protéger les survivante·x·s de violences sexistes et sexuelles. Nous voulons élaborer un plan national de lutte contre les violences tenant compte également de leur dimension intersectionnelle.
- OUI au mariage pour toute·x·s, attaqué en référendum par les milieux conservateurs et réactionnaires. Néanmoins, ce projet reste lacunaire et c'est pourquoi nous revendiquons un accès réellement égalitaire à la PMA garanti par le remboursement des démarches ainsi qu'une filiation possible en dehors du mariage ! Nous refusons toutes les injonctions patriarcales et hétéronormées concernant nos corps, notre sexualité et nos identités !
Le 14 juin 2021, COVID ou pas, nous serons là ! Visible·x·s et bruyante·x·s, mobilisée·x·s en occupant l’espace en fonction de la situation sanitaire. Lors de cette journée, les femmes, personnes trans et non binaires se mobiliseront à leur façon et nous appelons à un moment commun à 18h. La puissance et la rage féministe feront à nouveau trembler la Suisse dans la créativité et la sororité et adelphité.
Transformons notre peur en rage, notre rage en force et notre force en lutte ! Les collectifs romands de la Grève féministe et des femmes*
*toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance).