MMF au niveau planétaire
Réunies au Guatemala du 1er au 4 juillet 2016, nous, les représentantes du Comité international de la Marche Mondiale des Femmes, réitérons notre soutien aux camarades de l'Alliance politique du Secteur des femmes et à notre sœur Sandra Morán, députée au Parlement du Guatemala, qui a lutté à leurs côtés pendant des années pour les droits des femmes, des peuples autochtones et de la terre mère.
Pendant notre séjour au Guatemala, nous avons eu l'occasion de participer à un riche échange d'expériences avec plusieurs députées, au cours duquel nous avons abordé des problématiques de différentes régions du monde, l'incidence de celles-ci sur la vie des femmes et les espaces politiques auxquels nous avons accès. Lors d'une séance de travail organisée par les camarades de l'Alliance politique du Secteur des femmes, les représentantes de 13 organisations nous ont accueillies et nous avons débattu ensemble de la violence et des féminicides dont souffrent les femmes guatémaltèques. Nous sommes également sorties dans les rues, avec d'autres mouvements sociaux, pour exprimer notre refus de la militarisation de nos territoires et exiger que la justice et la mémoire historique de nos peuples nous soient rendues.
Ensemble, nous avons appris ce que font nos sœurs dans leurs vies et leurs collectivités au niveau de la résistance, de la mise en place d'alternatives productives, de l'art et de la communication. Nous avons exprimé notre solidarité avec les détenus et détenues politiques, leurs familles et leurs communautés. Nous avons salué les familles et communautés qui se battent pour résister au modèle extractiviste qui menace leurs territoires, et nous nous sommes solidarisées avec les femmes et les filles qui ont souffert de violence sexuelle.
Nous appuyons les idées fermes et déterminées lancées par la société civile guatémaltèque, surtout le processus de construction communautaire du Pacte pour l'Eau, parce que nous pensons qu'il fera de l'eau un bien commun et un droit humain digne d'être protégé, et le processus constitutionnel de pluralisme juridique, qui reconnaît les différentes manières de rendre justice des différents peuples.
Lors de cette rencontre, nous avons réfléchi au fait que dans toutes les régions, pendant notre 4ème action internationale, le militarisme, le fondamentalisme, la violence et la pauvreté avaient augmenté, au détriment de la vie de milliers de femmes du monde entier. Ces phénomènes nous rappellent les raisons d'être de notre mouvement.
Nous saluons la lutte des femmes féministes du monde entier, qui avec courage et persévérance affrontent le système capitaliste, patriarcal, néocolonialiste et raciste que l'on veut nous imposer. Nous soutenons pleinement les camarades du Brésil qui résistent au coup d'Etat de la droite, lancé sous prétexte de lutte contre la corruption.
Pour toutes ces raisons, nous sentons que notre mobilisation et notre combat sont plus nécessaires que jamais. Notre solidarité et notre union sont indispensables pour bâtir un système qui respecte le réseau de la vie, qui encourage la justice et l'égalité. Notre mouvement n'est plus seulement un mouvement de résistance, nous plaçons maintenant toute notre énergie dans la construction d'alternatives visant à défendre la pérennité de la vie. Voilà l'objectif de notre 10ème Rencontre internationale, qui se tiendra à Maputo (Mozambique) du 11 au 15 octobre 2016. C'est avec détermination que nous envoyons tout notre soutien et notre solidarité aux camarades du Mozambique, qui ont la lourde tâche d'organiser une Rencontre internationale, qui plus est dans un contexte politique fragile. Nous appelons nos Coordinations Nationales, les groupes participants et les alliés à se joindre à nous lors de cette Rencontre pour contribuer au renforcement de notre mouvement.
Ensemble nous sommes plus fortes, et nous serons en marche jusqu'à ce que nos corps et nos territoires soient libres!
Guatemala, 4 juillet 2016.
Comité International de la Marche Mondiale des Femmes
DECLARACION_POLITICA_ENCUENTRO_CI_GUATEMALA_FR.pdf
Pour éliminer la pauvreté
P-1 La mise en place par tous les États d’une loi-cadre et de stratégies visant l’élimination de la pauvreté. Une loi cadre est une loi « parapluie », de portée générale, qui donne une orientation globale, affirme des principes et établit des objectifs. Cette loi-cadre doit être prise en compte pour inspirer d’autres lois qu’un gouvernement voudra promulguer sur le même sujet, en l’occurrence l’élimination de la pauvreté. L’appellation « loi-cadre » peut varier selon les pays. En Amérique latine par exemple, on utilise « agenda national ».
Cette loi-cadre doit inclure des mesures pour garantir l’autonomie économique et sociale des femmes à travers l’exercice de leurs droits. Elle doit prévoir l’adoption de législations, de programmes, de plans d’action, de projets nationaux propres à assurer aux femmes, sans discrimination, les droits et l’accès :
Aux ressources de base
À l’eau potable ;
À la production et la distribution de la nourriture pour assurer une sécurité alimentaire à la population ;
Au logement décent ;
Aux services de santé de première ligne et de santé reproductive ;
À la protection sociale ;
À la sécurité du revenu tout au long de la vie.
À la culture
À la fin du processus d’homogénéisation des cultures.
À la citoyennetÉ
À la reconnaissance de la citoyenneté par l’accès aux documents officiels (carte d’identité) ;
À la participation égale des femmes aux instances politiques.
Aux ressources naturelles et économiques
À la propriété de biens familiaux et à la répartition équitable de l’héritage ;
Au crédit.
Aux ressources en éducation
À l’alphabétisation ;
À la formation professionnelle ;
Aux connaissances scientifiques et technologiques.
À l’égalité au travail
À l’équité et à l’égalité salariales aux plans national et international ;
Au salaire social minimum ;
À la protection statutaire pour les travailleuses à la maison et dans les secteurs informels de l’économie ;
À la syndicalisation et à la liberté d’association ;
À des postes de décision ;
Au respect des normes du travail (dans tous les lieux de travail y compris les zones franches) telles qu’adoptées par le Bureau International du Travail.
À l’égalité dans le partage des tâches
Les États doivent promouvoir, par des mesures incitatives, le partage des responsabilités familiales (éducation et soin des enfants, tâches domestiques) et adopter des mesures concrètes de soutien aux familles telles que des garderies adaptées aux horaires de travail des parents, des cuisines communautaires, des programmes de soutien aux devoirs et leçons, etc.
Les États doivent donc prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme aux valeurs patriarcales et sensibiliser la société à l’importance de démocratiser les structures familiales.
Les femmes revendiquent aussi que cesse la marchandisation de leur corps via les médias pour répondre aux besoins du marché. Elles insistent enfin pour que les États et les organisations internationales soient tenus de prendre des mesures pour contrer et prévenir la corruption.
Tous les actes, toutes les lois, tous les règlements, toutes les positions des États nationaux seront évalués à la lumière d’indicateurs comme :
· l’Indicateur de la pauvreté humaine (PH), proposé dans le Rapport mondial sur le développement humain de 1997 ;
· l’Indice de développement humain, proposé par le Programme des Nations Unies pour le développement ;
· l’Indicateur sexospécifique de développement humain (incluant un indicateur de représentation des femmes dans les postes de pouvoir), proposé dans le Rapport mondial sur le développement humain de 1995;
· la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail concernant les droits des peuples autochtones.
P-2 L'application urgente de mesures comme :
La taxe Tobin, les revenus de cette taxe seront versés dans un fonds spécial :
· dédié au développement social ;
· géré démocratiquement par l’ensemble de la communauté internationale;
· selon des critères de respect des droits humains fondamentaux et de démocratie ;
· avec une représentation paritaire des femmes et des hommes ;
· auquel les femmes auront un accès prioritaire
L’investissement de 0,7 % du produit national brut (PNB) des pays riches dans l'aide aux pays en voie de développement ;
Le financement adéquat et la démocratisation des programmes des Nations Unies essentiels à la défense des droits fondamentaux des femmes et des enfants tels UNIFEM (Programme pour les femmes), le PNUD (Programme pour le développement) et UNICEF (Programme pour les enfants) ;
La fin des programmes d'ajustements structurels
La fin des compressions et coupures dans les budgets sociaux et les services publics
Le rejet du projet d'Accord multilatéral sur les investissements (AMI).
P-3 L'annulation de la dette de tous les pays du tiers-monde en tenant compte des principes de responsabilité, de transparence de l'information et d'imputabilité.
Nous exigeons l'annulation immédiate de la dette des pays les plus pauvres de la planète, en appui aux objectifs de la campagne «Jubilé 2000».
À plus long terme, nous demandons l'annulation de la dette de tous les pays du tiers-monde et la mise en place d'un mécanisme de surveillance de la radiation de la dette qui veillera à ce que l'argent dégagé serve à l'élimination de la pauvreté et au bien-être de la population la plus affectée par les programmes d'ajustements structurels, dont les femmes et les enfants (particulièrement les petites filles) constituent la majorité.
P- 4 L'application de la formule 20/20 entre pays donateurs et pays récepteurs de l'aide internationale.
Ainsi, 20 % de l'argent versé par les pays donateurs doit être dédié au développement social et 20 % des dépenses de l'État qui reçoit des dons doit être consacré aux programmes sociaux.
P-5 Une organisation politique mondiale, non monolithique, ayant autorité sur l'économie, avec une représentativité égalitaire et démocratique entre tous les pays de la terre (s'assurer d'une parité entre pays pauvres et pays riches) et avec une représentativité paritaire entre les femmes et les hommes.
Au niveau économique
La Marche mondiale entend contribuer à mettre en place un système économique mondial juste, participatif et solidaire. Elle met donc de l’avant une revendication plus structurelle, un Conseil pour la sécurité économique et financière chargé :
· de redéfinir les règles d’un nouveau système financier mondial axé sur une répartition juste et équitable des richesses de la planète, sur la justice sociale et l’amélioration du bien-être de la population mondiale, en particulier pour les femmes qui en constituent plus de la moitié ;
· d’exercer un contrôle politique des marchés financiers ;
· de les «désarmer», les empêchant ainsi de mettre à mal les sociétés et de créer systématiquement de l’instabilité, de l’insécurité et de l’inégalité ;
· d’assurer une véritable régulation et une surveillance des organisations à vocation économique, financière et commerciale ;
· d’exercer un contrôle démocratique sur les échanges commerciaux ou, en d’autres termes, d’appliquer la « tolérance zéro » envers la criminalisation de l’économie.
La composition de ce Conseil n’est certes pas arrêtée et doit faire l’objet d’un débat au niveau international. Mais la Marche a tenu à indiquer quelques grandes balises incontournables : ainsi, la composition du Conseil doit inclure des représentant-e-s de la société civile (des ONG, des syndicats, etc.), assurer la parité hommes-femmes et la parité entre pays du Nord et pays du Sud.
Parmi les conditions de réalisation, la Marche revendique immédiatement :
· l’élimination de tous les paradis fiscaux (ils sont au nombre d’environ une quarantaine dont Gibraltar, les Iles Caïmans, le Liechtenstein, etc.) dont l’existence même constitue une forme de vol légalisé en permettant à des financiers, des entreprises, des dirigeants politiques, etc. de cacher « leur » argent et de le soustraire ainsi aux taxes, lois, réglementations des États ;
· la fin du secret bancaire, pratique anti-démocratique qui constitue également une autre forme de vol légalisé ;
· la redistribution de la richesse actuellement monopolisée par les sept pays industrialisés les plus riches.
Au niveau juridique
La Marche mondiale considère l’élimination de la pauvreté non pas simplement comme un objectif à atteindre mais comme un droit à mettre en application immédiatement. D’où la revendication d’un protocole pour l’application du Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
P-6 Que soient levés les embargos et les blocus décrétés par les grandes puissances à l'égard de plusieurs pays et qui affectent principalement les femmes et les enfants.
Réaffirmer notre engagement pour la paix et la protection du fonctionnement démocratique et autonome des États Nations.
POUR ELIMINER LA VIOLENCE ENVERS LES FEMMES
V-1 Que les gouvernements qui se réclament des droits humains condamnent tout pouvoir politique, religieux, économique ou culturel qui exerce un contrôle sur la vie des femmes et des fillettes et dénoncent les régimes qui ne respectent pas leurs droits fondamentaux.
V-2 Que les États reconnaissent dans leurs lois et actions que toutes les formes de violence à l'égard des femmes sont des violations des droits humains fondamentaux et ne peuvent être justifiées par aucune coutume, religion, pratique culturelle ou pouvoir politique. Ainsi, les États doivent reconnaître aux femmes le droit de disposer de leur vie et de leur corps et de maîtriser leur fécondité (droit à l’avortement et à la contraception, contre les stérilisations forcées et pour le droit de mettre au monde des enfants).
V-3 Que les États mettent en œuvre des plans d'action, des programmes et des projets efficaces assortis des ressources financières et des moyens adéquats pour mettre fin aux violences faites aux femmes.
Ces plans d'action doivent comprendre notamment les éléments suivants : prévention, sensibilisation du public, répression, « traitement » des agresseurs, recherches et statistiques sur les violences faites aux femmes, prise en charge et protection des victimes, lutte contre la pornographie, le proxénétisme et les agressions sexuelles dont les viols contre les enfants, éducation non sexiste, accès facilité à la procédure pénale, formation des juges et policiers.
V-4 Que l'ONU fasse de véritables pressions pour que tous les États ratifient sans réserve et appliquent les conventions et les pactes relatifs aux droits des femmes et des enfants notamment, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Convention sur les droits de l'enfant, la Convention internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants.
Que les États harmonisent leurs lois nationales avec ces différents instruments internationaux en plus de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, les Déclarations du Caire et de Vienne, la Déclaration et le Programme d'action de Beijing.
V-5 Que soient adoptés dans les plus brefs délais des protocoles et des mécanismes de mise en œuvre :
· à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes;
· à la Convention sur les droits de l'enfant.
Ces protocoles permettront aux personnes et aux groupes de porter plainte contre un État. Ils constitueront des moyens de pression à l'échelle internationale pour obliger les États à mettre en œuvre les droits énoncés dans ces pactes et conventions. Des sanctions véritables à l'encontre des États récalcitrants devront être prévues. Il y a un protocole qui a été adopté concernant la CEDAW
V-6 Que la Convention de 1949 pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui soit assortie d’un mécanisme d’application qui tienne compte des documents récents dont les deux résolutions de l'assemblée générale de l'ONU (1996) concernant le trafic des femmes et des fillettes et la violence à l'égard des femmes migrantes. Un ajout sera fait à cette revendication pour amener les États à ratifier la Convention de décembre 2000 portant sur le crime transnational et, particulièrement, les deux protocoles l’accompagnant traitant du trafic des êtres humains.
V-7 Que les États reconnaissent la juridiction de la Cour criminelle internationale et souscrivent aux dispositions selon lesquelles notamment les viols et les agressions sexuelles constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
V-8 Que tous les États mettent en œuvre des politiques de désarmement autant en ce qui a trait aux armes classiques qu'aux armes nucléaires et biologiques. Que tous les pays ratifient la Convention sur les mines anti-personnelles.
Que l’ONU mette un terme à toutes formes d’interventions, agressions ou occupations militaires, assure le droit des personnes réfugiées de retourner dans leur pays d’origine et fasse pression sur les gouvernements pour faire respecter les droits humains et résoudre les conflits.
V-9 Que soit adoptée dans les plus brefs délais la possibilité du droit d'asile pour les femmes victimes de discrimination et de persécutions sexistes et/ou de violences sexuelles.
V- 10[1] Que l'ONU et les États de la communauté internationale reconnaissent formellement, au nom de l'égalité de toutes les personnes, que l'orientation sexuelle ne doit priver personne du plein exercice des droits prévus dans les instruments internationaux que sont : la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention internationale sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes.
V-11 Que soit adoptée dans les plus brefs délais la possibilité du droit d'asile pour les personnes victimes de discrimination et de persécution en raison de leur orientation sexuelle.
[1]Les revendications V-10 et V-11 n’ont pas reçu l'appui de l’ensemble des femmes présentes à la rencontre en 1998 où nous avons adopté notre plate-forme mondiale pour les actions de l’an 2000. Elles n’ont donc pas été reprises par certaines coordinations nationales. Cependant, elles font partie intégrante de la plate-forme mondiale.
La Marche mondiale des femmes est un réseau féministe d'action qui lutte contre la pauvreté et contre la violence. Des centaines de milliers de femmes ont participé à la Marche en l'an 2000.
Le monde dans lequel nous vivons au début du 21e siècle, est dominé par la logique de la mondialisation patriarcale et néolibérale qui reproduit les inégalités, accentue les écarts entre pauvres et riches et engendre de plus en plus de d'exclusion, de haine, de racisme, d'intolérance, de conflits armés.
Comme féministes, nous considérons qu'il est urgent de proposer des alternatives, politiques, sociales et culturelles afin de rendre possible cet autre monde auquel nous aspirons.
Nous voulons construire un monde de paix, libre de toute exploitation et oppression, un monde où tous les peuples jouissent du plein exercice des droits humains, un monde de justice sociale, de démocratie et d'égalité entre les femmes et les hommes; un monde qui reconnaît véritablement le travail accompli par les femmes dans la vie professionnelle et dans le cadre privé, ainsi que le rôle que nous jouons dans nos sociétés; un monde qui respecte la diversité et la pluralité des cultures et qui préserve l'environnement. Pour nous, il est urgent d'affirmer et de défendre nos droits sexuels et reproductifs, en assurant notamment un accès gratuit aux soins de santé et à des méthodes sûres de contraception et d'avortement.
2005 est une nouvelle année d'actions de la Marche mondiale des femmes. Nos valeurs : l'égalité, la liberté, la solidarité, la justice, la paix vont inspirer les initiatives qui dès le 8 mars fleuriront aux quatre coins de la planète.
Nous, les femmes qui vivons et travaillons en Suisse, un des pays les plus riches de la planète, nous voulons :
vivre sans peur
sans violence physique, psychologique ou sexuelle dans la famille, dans la rue, au travail, dans les institutions sociales et éducatives; sans mariages forcés; sans mutilations génitales; sans les trafics et la traite des femmes et des enfants?
avoir les moyens de vivre dans la dignité
qu'il s'agisse de salaires, des rentes AVS, AI ou des prestations complémentaires, des allocations pour enfant qui couvrent les frais effectifs, des cotisations de l'assurance maladie proportionnelles au revenu
être libres
de voyager, de s'établir, de travailler et de changer de travail, sans distinction de nationalité ou de statut familial ou légal. Une femme doit pouvoir quitter son époux proxénète ou violent sans perdre l'autorisation de séjour
réaliser l'égalité de droits
faire appliquer dans les faits: "salaire égal pour un travail de valeur égale" (la Loi fédérale sur l'égalité est peu utilisée et n'est pas suffisante); partage dans le couple des tâches domestiques et de soins, reconnaissance de la valeur du travail des femmes parité à tous les niveaux dans les décisions politiques, économiques et sociales non-discrimination des personnes souffrant de handicap. Mêmes droits pour les femmes dans l'assurance invalidité non-discrimination pour des raisons de couleur, appartenance ethnique, etc
reconnaître les droits des personnes homosexuelles
partenariat, droit à l'adoption, sanction des actes homophobes, non discrimination dans le travail
maintenir et améliorer les services publics
santé, éducation, communication, énergie, etc... doivent rester accessibles et de qualité pour toutes et tous
vivre mieux
logements accessibles et de qualité, abaissement de l'âge de la retraite, congé parental, harmonisation des horaires scolaires et des horaires de travail, équipements sociaux adaptés aux besoins
préserver la nature et le vivant
accès aux ressources naturelles, protection de l'environnement, souveraineté alimentaire, interdiction des patentes du vivant: la vie et la nature ne s'achètent pas et ne se vendent pas, ce sont des biens communs. Contrôle strict des manipulations génétiques. Interdiction du clonage humain
promouvoir la paix et la coopération internationale
annulation de la dette des pays du Sud, mesures efficaces contre l'évasion fiscale et la fuite des capitaux, suppression du secret bancaire élimination des usines d'armement, interdiction de la vente d'armes, démilitarisation de la société.
Berne, janvier 2005
Marche mondiale des femmes Coordination suisse
Avec l’organisation de la Marche mondiale des femmes, l’an 2000 sera sur toute la planète une année d’initiatives et de manifestations des femmes. A Montréal a été élaboré une plate forme mondiale de revendications contre les violences et la pauvreté qui frappent les femmes. En Europe nous manifesterons pour affirmer nos exigences d’égalité, de justice et de solidarité, et notre refus des violences, des exclusions et des discriminations.
Nous, femmes d’Europe, marcherons pour construire un monde d’égalité entre les femmes et les hommes, un monde dans lequel sera éliminée la domination masculine, avec ce qu’elle signifie de marginalisation pour les femmes et de violence à leur égard.
Nous, femmes d’Europe, marcherons pour dénoncer et lutter contre les conséquences dramatiques qu’entraîne la loi du profit; nous marcherons pour construire un monde basé sur le partage de la richesse collective, l’égalité, la justice et la solidarité.
Nous, femmes d’Europe, marcherons pour réaffirmer notre engagement pour la paix, le développement et la démocratie.
Nous, femmes d’Europe, marcherons en solidarité avec les revendications des femmes des pays les plus pauvres.
Cette marche sera un pas en avant vers le développement de réseaux de femmes qui constitueront un contre-pouvoir et se feront entendre des instances européennes et des gouvernements de chaque pays.
C’est à de vrais renversements de logique que nous appelons, nous ne voulons plus attendre un prétendu "égal accès" promis aux femmes.
I - POUR UNE EUROPE SOLIDAIRE, DEMOCRATIQUE, OUVERTE
Les femmes sont au centre des phénoménes liés à la mondialisation économique : flexibilité, précarité de l’emploi, surexploitation, délocalisations, accroissement des inégalités, mise en cause des acquis.
En Europe comme dans le reste du monde, ce sont elles qui assument les coûts les plus lourds de cette mondialisation parce qu’elles forment l’essentiel de la main d’œuvre flexible et bon marché, recherchée au nom de la compétitivité. Elles sont les plus touchées par les crises économiques et les restructurations. En Europe centrale et orientale, la transition vers l’économie libérale a plongé 75 millions de personnes, des femmes en premier lieu, dans la précarité. Les droits sociaux, subordonnés aux impératifs du marché, ne sont pas ou plus assurés, les services publics sont démantelés, l’investissement public diminue. Cette situation créée les conditions pour l’éclatement de troubles civils et de conflits ethniques dont les femmes sont toujours les premières victimes.
NOUS VOULONS
UNE EUROPE SOLIDAIRE qui consacre tous ses efforts à réduire l’écart grandissant entre pays nantis et pays en difficulté, ainsi qu’entre femmes et hommes.
- Nous exigeons l’annulation de la dette de tous les pays du tiers-monde et la fin des plans d’ajustements structurels.
- Nous nous associons aux appels internationaux qui exigent un contrôle citoyen de l’Organisation Mondiale du Commerce, un moratoire sur toutes les décisions qui étendraient les pouvoirs de l’OMC et provoqueraient une déréglementation accrue dans de nombreux domaines, une taxe sur les transactions financiéres (taxe Tobin) et toutes mesures propres à limiter le pouvoir des entreprises multinationales et des détenteurs des capitaux.
- Nous demandons l’élimination des paradis fiscaux et la fin du secret bancaire.
Nous voulons que chaque pays européen engage des politiques de coopération au développement sensibles à l’égalité hommes-femmes. Ces politiques doivent:
- soutenir les initiatives de lutte contre la pauvreté et la subordination des femmes;
- favoriser l’autonomie des femmes, leur accès accru aux ressources et l’allégement de leur charge de travail.
UNE EUROPE DE LA DEMOCRATIE qui respecte et élargisse la citoyenneté.
Partout, y compris dans les démocraties occidentales, les femmes sont toujours des citoyennes de seconde zone. Leurs droits acquis sont constamment remis en cause et les gouvernements qui s’indignent sur la condition des femmes du Sud continuent de soutenir les régimes souvent dictatoriaux auxquelles elles sont soumises.
- Nous exigeons une égale représentation des femmes et des hommes dans la vie politique, économique, sociale et culturelle.
- Nous exigeons que nos gouvernements retirent tout soutien aux régimes dictatoriaux qui oppriment les femmes.
- Nous exigeons le respect de la laïcité et nous combattons les intégrismes et le pouvoir des religions sur nos vies; nous exigeons que les codes de statut personnel discriminatoires et d’inspiration religieuse ne soient pas reconnus en Europe et que soient modifiés les accords bilatéraux avec les pays d’origine qui autorisent ces statuts discriminatoires;
- Nous voulons l’accès à la citoyenneté pour les non-nationaux, le droit de vote et d’éligibilité.
Même sol, mêmes droits !
UNE EUROPE DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Partout la loi de la compétition entre Etats et entre producteurs fait des ravages. C’est l’environnement saccagé par la surexploitation des ressources naturelles et la pollution.
- Nous exigeons une alimentation saine et suffisante pour tous, une information sur les organismes génétiquement modifiés.
- Nous exigeons que soient mises en application, sans retard, toutes les recommandations des conférences mondiales sur l’environnement.
- Nous exigeons que l’Europe s’engage dans une politique de rééquilibrage des richesses, de lutte contre le développement inégal et contre la famine.
UNE EUROPE DE LA PAIX
C’est encore et toujours la course aux armements. Les droits des peuples et des personnes sont bafoués.
- Nous exigeons une baisse drastique des dépenses militaires, l’interdiction des ventes d’armes, qui enrichit les pays riches et appauvrit les pays pauvres, ainsi que l’exploitation ruineuse et dangereuse des techniques liées au nucléaire. Nous voulons une étude sur les effets dévastateurs de la guerre sur l’environnement.
- Nous voulons que l’Europe engage une politique extérieure active pour prévenir et faire cesser les conflits et les agressions armées.
- Nous voulons le respect du droit à l’autodétermination des peuples.
UNE EUROPE OUVERTE qui, au lieu de se constituer en forteresse, comme l’y ont engagée les accords de Schengen, donne toute leur place aux immigré-e-s, abolisse les discriminations à leur égard, en particulier envers les femmes.
Pour les droits des femmes immigrées et étrangères nous exigeons tout particuliérement
- la régularisation des sans-papiers, le droit au séjour garanti pour tous et toutes, l’autonomie pour les femmes immigrées, indépendamment de leur situation conjugale ou de famille, et la libre circulation des personnes;
- l’arrêt les arrestations et des expulsions, la fermeture des centres de rétention;
- le respect du droit d’asile et la reconnaissance du statut de réfugiées pour les femmes victimes de discriminations et de persécutions sexistes et/ou de violences sexuelles, et celles victimes de persécutions et de discriminations en raison de leur lesbianisme;
- un titre de séjour indépendamment de leur condition d’épouse, de mére, de fille, de sœur ou de femme de polygame;
- la possibilité de divorcer ou de se séparer sans perdre son droit au séjour.
UNE EUROPE LARGE qui comprennent l’ensemble des pays de l’Est à l’Ouest, du Nord eu Sud. Ce sont les femmes de tous ces pays qui marcheront ensemble.
II - CONTRE LA PAUVRETÉ, LA PRÉCARITÉ, POUR L’ÉGALITÉ SOCIALE ÉCONOMIQUE ET PROFESSIONNELLE
Les femmes et les filles font 2/3 du travail mondial mais la plupart de ce travail n’est ni rémunéré, ni reconnu, ni valorisé. Pourtant si les femmes s’arrêtent de travailler, tout s’arrête. Elles sont partout et toujours chargées d’assurer le travail domestique.
Les femmes sont plus touchées par le chômage et la précarité. Elles n’accèdent que rarement aux emplois les plus valorisés et ont des salaires inférieurs à ceux des hommes.
NOUS VOULONS UNE EUROPE SOCIALE où l’alignement des droits, des revenus et de la qualité de la vie se fasse par le haut. Nous voulons le plein-emploi avec des droits, l’égalité, le droit de vivre dignement et nous refusons les discriminations.
Pour le droit à l’emploi, pour en finir avec le chômage, nous exigeons
- l’instauration dans toute l’Europe d’un salaire minimum garanti suffisant;
- une réduction massive du temps de travail, sans réduction de salaires, sans flexibilité, avec embauches correspondantes;
- des mesures qui mettent fin au travail au noir et à toutes formes d’esclavagisme "moderne".
Pour l’égalité professionnelle des femmes et des hommes nous exigeons
- l’égalité des salaires des hommes et des femmes;
- la suppression du travail à temps partiel imposé;
- l’interdiction des discriminations sexistes, racistes ou basées sur le handicap à l’embauche et pour l’accès à la formation; le droit à une formation initiale et continue;
- l’interdiction du travail de nuit pour toutes et pour tous, sauf dans les secteurs le nécessitant impérativement, et dans ce cas avec des compensations;
- le droit au congé de maternité totalement rémunéré.
Pour des droits sociaux permettant de vivre dignement, nous exigeons
- l’augmentation des allocations de chômage et autres aides sociales;
- la préservation et la généralisation des systèmes publics de protection sociale ;
- l’égalité d’accès à la santé, au logement; l’attribution prioritaire de logements sociaux aux sans-logis, notamment aux femmes seules avec ou sans enfant;
- l’éducation gratuite et de qualité pour toutes et tous;
- la création d’équipement sociaux, en particulier de services de la petite enfance pouvant accueillir tous les enfants et de services pouvant acceuillir les personnes dépendantes;
- pour les chômeurs-meuses: gratuité des transports, de l’électricité, accès à la culture et aux moyens de communication;
- pour les handicapés physiques et mentaux, accès à tous les moyens nécessaires pour vivre dignement.
L’instauration d’un revenu individuel minimum mais suffisant pour vivre une vie décente, devrait être garanti à chacune et chacun tout au long de la vie. Une réduction des budgets militaires permettra de réorienter des sommes considérables vers la satisfaction des besoins sociaux.
Contre les discriminations nous exigeons
- l’arrêt des répressions antisyndicales;
- des sanctions contre le harcèlement moral, sous toutes ses formes, au travail;
- l’abolition des discriminations dans tous les domaines économiques et sociaux envers les femmes étrangères, ou les femmes issues de l’immigration, un droit au séjour leur permettant aux étrangères l’accès au travail légal et l’autonomie juridique, économique et sociale.
Nous exigeons des mesures en terme de campagnes, politiques familiales, droits parentaux afin d’obtenir l’égal partage des tâches domestiques entre les hommes et les femmes.
III - POUR LE DROIT DES FEMMES À DISPOSER DE LEUR CORPS ET À CHOISIR LEUR MODE DE VIE , LEUR SEXUALITÉ ET LEUR ORIENTATION SEXUELLE
Les États doivent reconnaître aux femmes le droit de disposer de leur corps et de leur vie et doivent garantir à toutes l’accès à la contraception, à l’avortement, à la stérilisation choisie et le libre choix de leur sexualité.
Pour le droit à la contraception, à l’avortement et à la stérilisation choisie, nous exigeons
- Que les moyens contraceptifs délivrés sur prescription soient remboursés par les organismes correspondants dans les différents pays, les autres devant être délivrés à des prix modiques;
- Que les femmes puissent bénéficier de l’avortement dans les meilleures conditions possibles, jusqu’au moins 12 semaines de grossesse. La possibilité d’avorter de façon médicamenteuse doit être offerte partout en Europe;
- Que l’avortement soit remboursé par les organismes correspondants des différents pays;
- Que toutes les femmes disposent de ces droits, y compris les mineures (sans autorisation parentale) et les étrangères (sans condition de durée et de titre de séjour);
- Que toutes les femmes puissent bénéficier des mêmes droits quant-à l’accès à la parentalité quelque soient leur mode de vie et leur choix sexuel.
Pour le droit de choisir son mode de vie, sa sexualité, son orientation sexuelle, contre les violences à l’encontre des lesbiennes, nous exigeons
- Que soit mise en œuvre une politique de reconnaissance sociale des lesbiennes, et que soit mis un terme à l’imposition de la norme hétérosexuelle dominante;
- Que les violences à l’encontre des lesbiennes soient reconnues comme une violation des droits fondamentaux de la personne;
- Que les lesbiennes bénéficient de droits égaux à ceux des femmes hétérosexuelles et ne souffrent d’aucune discrimination lesbophobe (application de l’article 13 du Traité d’Amsterdam).
IV - POUR ÉRADIQUER LES VIOLENCES CONTRE LES FEMMES SOUS TOUTES LEURS FORMES
Les violences contre les femmes et les fillettes doivent être reconnues partout comme une violation des droits fondamentaux de la personne. Elles ne peuvent être justifiées par aucune coutume, religion, pratique culturelle ou pouvoir politique. Elles s’ancrent dans les rapports sociaux de sexe et ne constituent pas une "affaire privée" de celles qui en sont victimes. Elles relèvent au contraire d’un véritable phénomène social qui s’enracine dans des sociétés encore permissives à ces violences. Elles engendrent notamment des conséquences psychologiques, morales, physiques et financières que les États doivent prendre en compte. Elles visent à détruire la dignité et l’intégrité des femmes et des fillettes. Elles sont utilisées dans les conflits armés pour humilier et annihiler les femmes, marquer son territoire, démoraliser l’adversaire et mettre en œuvre des politiques de "purification ethnique". ELLES SONT INTOLERABLES. En avançant nos revendications, nous visons à harmoniser par le haut les différentes législations des pays européens afin qu’ils se se situent tous au même niveau dans l’efficacité de la lutte contre les violences.
Même si depuis deux décennies, la plupart des pays européens se dotent d’un arsenal législatif de plus en plus étoffé, nous tenons à réaffirmer qu’il ne suffit pas de voter des lois, aussi bonnes soient-elles, mais qu’il faut aussi veiller à leur application effective.
Nous exigeons que des organismes indépendants incluant les associations de défense des droits des femmes et les associations de victimes soient créés dans chaque pays afin d’exercer un contrôle sur l’application des lois.
POUR UNE EUROPE ACTIVE DANS LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES ET AUX FILLETTES PARTOUT DANS LE MONDE
- Nous demandons que les États qui se réclament des droits humains condamnent tout pouvoir politique, religieux, économique ou culturel qui exerce un contrôle sur la vie des femmes et des fillettes et dénoncent les régimes qui ne respectent pas leurs droits fondamentaux et fassent pression pour que ces États appliquent les conventions internationales sur les droits humains.
- Nous demandons que les États reconnaissent la juridiction de la Cour pénale internationale et souscrivent aux dispositions selon lesquelles notamment les viols et les agressions sexuelles constituent des crimes de guerre. Nous demandons qu’ils participent activement à la recherche et à l’arrestation des accusés qui doivent être jugés par les Tribunaux pénaux internationaux.
- Nous demandons que les États mettent en œuvre des plans d’action, des programmes et des projets efficaces, assortis des ressources financières et des moyens nécessaires pour mettre fin aux violences faites aux femmes. Ces plans d’action doivent comprendre notamment les éléments suivants : prévention, sensibilisation du public, répression des agresseurs, "traitement" des agresseurs, recherches et statistiques sur les violences faites aux femmes, prise en charge et protection des victimes, lutte contre la pornographie, le proxénétisme et les agressions sexuelles dont les viols contre les enfants, accès facilité et assuré à la procédure pénale, formation des juges et des policiers et de tous les acteurs sociaux et professionnels impliqués dans la lutte contre les violences.
- Nous demandons que soient créées, là où elles n’existent pas, et renforcées là où elles existent, des structures d’accueil, d’aide et d’hébergement, des centres de crise, d’information et d’appui des femmes et fillettes victimes de violences.
Ce sont tous les systèmes éducatifs qui doivent être reconsidérés afin d’en éliminer le sexisme et les stéréotypes sur les rôles, ainsi que sur les choix sexuels, dommageables à l’égalité afin aussi d’y promouvoir le respect mutuel et la dignité de chacune et chacun. Tous les enseignants doivent recevoir une formation dans ce domaine.
POUR UNE AMÉLIORATION DES MESURES DE PROCÉDURE PÉNALE nous exigeons
- Que les victimes disposent de droits et de procédures judiciaires au moins égaux à ceux des accusés. Elles doivent avoir droit à une assistance et à une information durant toute la procédure judiciaire;
- Que les pouvoirs publics mettent en place des dispositifs de protection des victimes de violences, avec création de mécanismes de contrôle pour une réelle application;
- Qu’il soit interdit, dans toutes les procédures concernant les violences quelles qu’elles soient, d’évoquer les antécédents de la victime (notamment psychiatrisation, toxicomanie, prostitution, relations multiples et plus généralement sur l’ensemble de la vie sexuelle);
- Que les associations de défense des droits des femmes puissent se constituer partie civile auprès des victimes;
- Qu’il soit interdit par les codes de procédure pénale des différents pays européens d’utiliser la médiation pénale dans les affaires de violences à l’encontre des femmes et des fillettes. Ce sont des infractions à la loi qui doivent être traitées en tant que telles.
CONTRE LE VIOL nous exigeons
- que soient inclus dans la définition du viol la menace, l’abus d’autorité, l’abus de pouvoir, l’abus de confiance et la surprise, et non plus seulement l’usage de la force;
- l’inscription dans la loi du viol conjugal, et sa reconnaissance effective par l’application pratique de la loi;
- que soient reconnus et pris en compte les viols commis dans le cadre de relations thérapeutiques, et plus généralement dans le cadre de relations d’aide.
CONTRE LES VIOLENCES DOMESTIQUES (CONJUGALES) nous exigeons
- Que soient inscrites dans la loi, et reconnues effectivement par l’application pratique de la loi, les violences domestiques (conjugales). La législation doit intégrer notamment les violences psychologiques et économiques. Les violences dans le couple sont des infractions à la loi. La responsabilité de leur auteur doit être reconnue. L’utilisation par la justice de procédures de médiation qui viserait à minimiser, voire à annuler cette responsabilité, doit être interdite.
- Que les femmes migrantes bénéficient de l’autonomie qui leur permette de quitter un conjoint violent sans perdre leurs droits, notamment en matière de nationalité et de séjour.
CONTRE LES MALTRAITANCES ET LES VIOLENCES SEXUELLES A ENFANT nous exigeons
- Que soient inscrites dans la loi et reconnues effectivement par l’application pratique de la loi les maltraitances et violences sexuelles à enfant.
- Que des poursuites et des demandes rétrospectives en dommages et intérêts soient possibles. La prescription quand elle existe doit courir de la date de la majorité de la victime et non pas de la date des violences.
- Qu’un avocat de l’enfant et un tuteur ad hoc puissent être désignés si nécessaire.
CONTRE LE HARCÈLEMENT SEXUEL nous exigeons
- Que le harcèlement sexuel au travail soit inscrit dans la loi et reconnu effectivement par l’application pratique de la loi;
- Que la notion de harcèlement sexuel au travail soit élargie, instaurant la possibilité d’incriminer notamment un collègue, un client, un patient;
- Que la notion d’environnement de travail hostile aux femmes (= sexiste et machiste) soit reconnue juridiquement et sanctionnable;
- Que les employeurs aient obligation d’instaurer des mesures de prévention et de protection, ainsi que de contrôle de leur application par les pouvoirs publics;
- Que le harcèlement sexuel, sexiste, et les injures soient pris en compte en dehors du lieu de travail.
CONTRE LES MUTILATIONS SEXUELLES nous exigeons
- Que les mutilations sexuelles, qui sont une violation des droits de la personne, soient inscrites dans la loi et sanctionnées effectivement par l’application pratique de la loi;
- Que des campagnes de prévention, de sensibilisation et d’information sur les mutilations sexuelles et leurs conséquences soient entreprises par les États avec les moyens financiers nécessaires.
CONTRE LES MARIAGES FORCÉS nous exigeons
- Que les jeunes filles menacées d’un mariage forcé en ou hors Europe bénéficient d’une aide juridique, matérielle et morale leur permettant d’échapper à ce danger
- Que ces mariages puissent être annulés sur demande de la victime.
CONTRE LES VIOLENCES ENVERS LES LESBIENNES nous exigeons
- Que les discriminations et injures lesbophobes et homophobes soient sanctionnées et que les associations lesbiennes puissent se porter partie civile contre ces actes;
- Que les violences exercées à l’encontre des lesbiennes en raison de leur lesbianisme soient incluses dans les circonstances aggravantes des lois, quand elles existent.
NOUS CONDAMNONS LA PORNOGRAPHIE, qui est une violence faite aux femmes et aux enfants et met en œuvre une utilisation dégragante de leur corps a des fins commerciales ou non.
CONTRE LE PROXÉNÉTISME ET LE TRAFIC DES FEMMES ET DES ENFANTS, nous exigeons
- Que soit ratifiée par tous les pays et appliquée effectivement la Convention pour la Répression de la Traite des Etres Humains et de l’Exploitation de la Prostitution d’Autrui du 2 décembre 1949.
- Que soit inscrite dans la législation la possibilité de poursuivre les ressortissants d’un pays se rendant coupables de tourisme sexuel dans un autre pays.
- Que soit appliquée la Charte Internationale du Tourisme et le Code du Touriste adoptés le 26 septembre 1985 par l’Organisation mondiale du Tourisme: les organisateurs de voyages pour tourisme sexuel doivent aussi être poursuivis.
- Que soit ratifiée par tous les pays et appliquée effectivement, notamment dans sa partie prostitution, la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes et son protocole aditionnel.
La Marche mondiale des femmes a formulé des revendications aux niveaux international, européen et national.
Palteforme européenne 2000
Avec l’organisation de la Marche mondiale des femmes, l’an 2000 sera sur toute la planète une année d’initiatives et de manifestations des femmes. A Montréal a été élaboré une plate forme mondiale de revendications contre les violences et la pauvreté qui frappent les femmes. En Europe nous manifesterons pour affirmer nos exigences d’égalité, de justice et de solidarité, et notre refus des violences, des exclusions et des discriminations.
Lire la suite : Palteforme européenne 2000
Suisse: Plateforme 2005
La Marche mondiale des femmes est un réseau féministe d'action qui lutte contre la pauvreté et contre la violence. Des centaines de milliers de femmes ont participé à la Marche en l'an 2000.
Le monde dans lequel nous vivons au début du 21e siècle, est dominé par la logique de la mondialisation patriarcale et néolibérale qui reproduit les inégalités, accentue les écarts entre pauvres et riches et engendre de plus en plus de d'exclusion, de haine, de racisme, d'intolérance, de conflits armés.
Comme féministes, nous considérons qu'il est urgent de proposer des alternatives, politiques, sociales et culturelles afin de rendre possible cet autre monde auquel nous aspirons.
Lire la suite : Suisse: Plateforme 2005
Monde: Revendications 2000/2001
Pour éliminer la pauvreté
P-1 La mise en place par tous les États d’une loi-cadre et de stratégies visant l’élimination de la pauvreté. Une loi cadre est une loi « parapluie », de portée générale, qui donne une orientation globale, affirme des principes et établit des objectifs. Cette loi-cadre doit être prise en compte pour inspirer d’autres lois qu’un gouvernement voudra promulguer sur le même sujet, en l’occurrence l’élimination de la pauvreté. L’appellation « loi-cadre » peut varier selon les pays. En Amérique latine par exemple, on utilise « agenda national ».
Lire la suite : Monde: Revendications 2000/2001
Suisse: Plateforme 2000
La coordination suisse de la Marche mondiale des femmes à adopté en février 2000 une plateforme de revendications dans les domaines suivants:
1) Contre la pauvreté, la précarité, les discrimi-nations, pour l’égalité sociale, économique et professionnelle
2) Pour éradiquer les violences contre les femmes sous toutes leurs formes
3) Pour le droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur mode de vie et leur sexualité
4) Pour une Suisse solidaire et démocratique
Cette plateforme [PDF 118KB] va être retravaillée pour les actions 2010.