Le travail domestique est un travail de soins (de care). C’est d’actualité, car sans blouses ou chemises propres, sans logements nettoyés et sans repas servis aux enfants, l’économie ne peut fonctionner.
Suite à la ratification en 2015 de la convention internationale du BIT ILO 189, qui reconnaît aux employé-e-s de maison le droit à des conditions de travail dignes, un premier rapport d’évaluation sur la concrétisation de cette convention est prévu en novembre 2017. Cette convention garantit aux employé-e-s de maison les mêmes droits qu’aux travailleurs et travailleuses en général:
Article 6
Tout Membre doit prendre des mesures afin d'assurer que les travailleurs domestiques, comme l'ensemble des travailleurs, jouissent de conditions d'emploi équitables ainsi que de conditions de travail décentes et, lorsqu'ils sont logés au sein du ménage, de conditions de vie décentes qui respectent leur vie privée.
Or où sont réglés en Suisse les droits du travail? Dans la loi sur le travail. C’est là qu’est fixé le temps de travail maximum, c’est là qu’est inscrite la protection de la grossesse et de la maternité. C’est là qu’on trouve les droits des travailleurs et travailleuses avec charge de famille.
Mais les employé-e-s domestiques sont expressément exclues de la loi sur le travail.
En 1960, au moment où la loi sur le travail a vu le jour, la nécessité d’y inclure le travail effectué au sein des ménages privés n’était pas un thème; aujourd’hui cette inclusion risque à nouveau d’être contestée, mais cette fois avec l’argument que la présence 24h sur 24 parfois nécessaire auprès de personnes âgées serait incompatible avec les conditions de travail. C’est un scnadale!
Le travail domestique a sa place dans la loi sur le travail, au nom-même de l’égalité des droits! Ce serait, dans la conscience sociale, une valorisation du travail domestique, pendante depuis des lustres. Concrètement la question ne se pose pas en terme d’une rémunération du travail domestique des mères ou des pères, mais d’une mise en évidence de la valeur effective de leur travail. Mascha Madörin a démontré dans ses recherches que la valeur du travail domestique, éducatif et du care dépasse la valeur de l’ensemble du travail fourni dans l’économie formelle. Il se pourrait d’ailleurs bien que de nombreux métiers dits féminins, qui ne sont pas sans rappeler le travail de soins et d’entretien effectué dans la famille, restent sous-évalués et sous-payés, du fait même que le travail ménager ne“vaut rien“.( Par exemple: une physiotérapeute gagne env. 30.- net à l’heure dans son métier hautement spécialisé!)
La reconnaissance à sa juste valeur du travail domestique -ne serait-ce que virutellement- est une revendication importante pour toutes les femmes, toujours largement majoritaires dans l’exécution des tâches au sein de la famille.
Marche Mondiale des Femmes Suisse soutient la revendication Le travail domestique a sa place dans la loi sur le travail et appelle toutes les femmes et organisations de femmes à rejoindre cette lutte.
Cet appel est lancé dans le cadre du „denknetz“ par le Groupe de travail sur la précarisation, en collaboration avec le syndicat interprofessionnel des travailleurs et travailleuses (IGA et SIT) et le groupe de soutien genevois aux Sans Papiers.