IMG 20190927 211310

Plateforme FR 1

Plateforme FR 2

Plateforme FR 3

Plateforme FR 4

IMG 20190927 211310

IMG 20190927 211310

Pour une Europe ouverte, solidaire, égalitaire et féministe

Dans un contexte général où nationalismes et xénophobie se renforcent, où les gouvernements cherchent à limiter l’accès à leur territoire, où les guerres, la misère, les viols et violences à l’encontre des femmes1) les jettent sur la route de l’exil par millions, il est urgent de créer des espaces de résistance et de solidarité pour lutter ensemble en faveur des droits des migrantes, quelles que soient leur origine et les raisons qui les ont forcé à fuir leur pays. Femmes d’ici et d’ailleurs, avons beaucoup à apprendre les unes des autres. C’est fort de cette conviction qu’à l’initiative de la Marche mondiale des femmes/Suisse, un groupe de militantes issues de différentes organisations a mis sur pied à Genève une rencontre européenne sur trois jours, avec l’objectif de consolider une solidarité active entre femmes et de donner corps à un réseau européen de résistances.

L’appel lancé a rencontré un grand écho et ce ne sont pas moins de 263 militantes qui se sont ainsi retrouvées pour travailler ensemble, s’écouter, échanger, décider. La rencontre s’est déroulée en trois temps, autour d’un programme riche et bien préparé. Trois tables rondes ont donné la parole à des intervenantes de langues et d’origines différentes, mais toutes personnellement impliquées dans les problématiques et thèmes traités. Une interprétation simultanée en quatre langues (français, allemand, espagnol et anglais), ici ou là complétée par une traduction de bouche à oreille dans une autre langue, a permis à toutes les femmes présentes de se comprendre et de prendre une part active aux discussions.

 

Vendredi soir 27 septembre 2019 :

Table ronde publique2) modérée par Laura Drompt, journaliste, co-rédactrice en cheffe Le Courrier

Violences à l’encontre des migrantes- Exemples de résistance

  • Amal Naser, réfugiée syrienne, a témoigné de son parcours en arabe. Son témoignage a été traduit en français par Salma Lagrouni, metteure en scène de Cellule n01, une pièce de théâtre dans laquelle Amal joue sa propre histoire. Ce témoignage a été lu en français par Leana Ebel, présidente de la MMF /Suisse.
    Sont ensuite intervenues :
  • Marianna Fernandes, déléguée européenne au Comité International de la Marche mondiale
  • Pinar Selek, militante féministe et pacifiste, ses travaux et ses combats portent sur les droits de toutes les exclu.e.s de la République turque.
  • Aura Vasquez de la Plateforme de la MMF du Pays Basque
  • Simone Eggler de l’Association suisse Terre des Femmes et responsable du réseau créé pour veiller à l’application de la Convention d’Istanbul en Suisse.

 

Samedi matin 28 septembre :

Plénière modérée par Catherine Hess, militante féministe, metteuse en scène

Accueil et refuge des exilées- exemples de résistance

  • Ozlem Tanrikulu, Union des femmes kurdes
  • Graziella de Coulon, Collectif R, Appel d’elles, défense des réfugié-e-s
  • Marie-Pascale Rouff, membre du Forum civique européen
  • Melete Salomon, Association de Médiatrices Inter-Culturelles (AMIC)

 

Samedi après-midi 28 septembre :

Plénière modérée par Marisa Psaltakou, Collectif de femmes du Valais et membre de SolidariteS

Travail des migrantes sans statut légal. Solidarité et luttes pour leur régularisation

  • Lauretta Macauley, Union des femmes Africaines en Grèce
  • Silvia Marino, Membre du « Collectif de soutien aux sans-papiers » et de la MMF Genève
  • Bożena Domańska réseau des migrantes du care, Respekt@VPOD, Bâle
  • Marianne Halle, Centre de Contact Suisses-Immigrés, Opération Papyrus, Genève

 

Pour faciliter les échanges, définir des revendications communes en vue de la rédaction d’une plateforme que nous voulions discuter et adopter le lendemain pour repartir chacune avec un outil de travail en main pour nos futures luttes et actions, nous avons organisé 12 ateliers, samedi matin et après-midi en-dehors des plénières:

    • Dessinons-gravons-créons des liens. Cet atelier était animé par Isabelle Pilloud, artiste suisse (Fribourg/Berlin) autour de son projet Les Héroïnes, work in progress, et Monica Poglia, MMF et organisatrice de la rencontre Femmes Migration Refuge (FMR). Il s’est déroulé sur toute la journée. La carte du monde s’est enrichie d’une série de perles renvoyant à des femmes exilées.

 

    • Convention d’Istanbul : reconnaissance des violences comme motif d’asile et protection des migrantes. Cet atelier animé par Anne-Marie Barone, Centre de Contact Suisses Immigrés (CCSI), Genève et organisatrice de la rencontre FMR a été dédoublé en raison du nombre de femmes intéressées. Intervenantes initiales : Simone Eggler, Terre des femmes ; Chloé Maire, travailleuse sociale /La Fraternité, Lausanne ; Anne-Laurence Graf, Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH), Neuchâtel

 

    • Sociétés transnationales, génératrices de violences et de migrations. Cet atelier, animé par Marianna Fernandes, MMF et organisatrice de la rencontre FMR, a aussi eu lieu matin et après-midi en raison du nombre de femmes intéressées. Intervenantes initiales : Ivana Kulic, Amis de la Terre, Bosnie-Herzégovine ; Brennan Brid et Jillie Belisario, MMF/Transnational Migrant Platform, Amsterdam

 

    • Entraves à l’accès aux soins pour les migrantes, animé par Badia el Koutit. Intervenantes initiales : Catherine Lack, Centre de Contact Suisses Immigrés (CCSI) ; Marisa Psaltaku, médecin, militante solidaritéS, organisatrice de la rencontre FMR ; Manon Ramseyer, Infirmière Médecins du Monde, La Chaux-de-Fonds

 

    • Mineur-e-s non accompagné-e-s. Difficultés et accueil, animé par Larissa Wuest, travail de recherche sur les RMNA et ex-RMNS en Suisse. Intervenant.e.s initiales : Kanani Abbas, chargé de prévention ciblée, stop suicide; Svelta Rousseff, assistante sociale à l'étoile Genève ; Yorsalem Tesfalem, une jeune ex-réfugiée mineure non accompagnée (RMNA)

 

    • Parcours et intégration dans le pays d’accueil. Partage d’expériences, animé par Marianne Ebel, MMF et organisatrice de la rencontre FMR, cet atelier a partagé des expériences variées, à partir de quatre intervenantes initiales : Seada Ayele, réfugiée d’Ethiopie ; Rosida Koyuncu, militante queer, réfugiée kurde ; Lauretta Macauley, Union des femmes africaines en Grèce et Melete Solomon, AMIC et organisatrice de la rencontre FMR

 

    • Situation des femmes dans les camps et centres de réfugié-e-s, animé par Leana Ebel, MMF et organisatrice de la rencontre FMR, cet atelier s’est déroulé à partir de trois intervenantes initiales : Caterina Cascio, Droit de Rester et Amar Neuchâtel ; Louise Wehrli, Droit de Rester ; Valentina Matasci, Appel d’elles et collectif R.

 

    • Refuge: engagement de la société civile et auto-organisation migrantes, animé par Graziella de Coulon, Appel d’elles et collectif R. Cet atelier s’est déroulé à partir de deux intervenantes initiales : Mélanie Glodkiewicz, Human Right at Sea, Genève ; Pinar Selek, sociologue et militante et écrivaine turque, vit en exil en France.

 

    • Exploitation des migrantes dans le travail domestique et de soin, animé par Camille Stauffer, secrétaire syndicale au SIT, Genève. Cet atelier s’est déroulé à partir de trois intervenantes initiales : Bozena Domanska, Respekt-VPOD Bâle ; Marianne Halle, Papyrus ; Silvia Marino, ancienne « sans statut légal», aujourd’hui régularisée et lauréate du prix « Femme exilée, femme engagée », organisatrice de la rencontre FMR.

 

    • Racisme, sexisme et discriminations à l’encontre des migrantes, animé par Marianne Ebel, MMF et organisatrice de la rencontre FMR, cet atelier a partagé des expériences variées, à partir de trois intervenantes initiales : Séverine Buyi, enseignante congolaise, organisatrice de la rencontre FMR ; Ismael Layal, Vivre ensemble, Bienne ; Marie-Pascale Rouff, France.

 

    • Entraves dans l’accès à la justice, animé par Luiza Vasconcelos, Bureau de la promotion de l'égalité entre femmes et hommes et de prévention des violences à Genève. Cet atelier a partagé des expériences variées, à partir de deux intervenantes initiales : Laetitia Carreras, ethnologue et militante, co-auteure de Histoire de vie, histoire de papier, militante, et Flora di Donato, juriste, Université de Neuchâtel et de Naples.

 

  • Traite d’êtres humains, trafic des personnes, mariages forcés, animé par Chiara Mari (Vaud),cet atelier a partagé des expériences variées, à partir de deux intervenantes initiales : Sibel Can-Uzun, Centre social protestant Genève et Mélanie Glodkiewicz, Human Right at Sea.

 

Chaque atelier était conçu de sorte que les paroles circulent librement et que les participantes puissent déterminer ensemble quelles exigences pourraient être à même d’améliorer la situation dans le champ de réflexion et d’action qui était le leur.

Un groupe de travail - formé par Michela Bovolenta, secrétaire Syndicat des Services Publics, Aysal Günes, mouvement des femmes kurdes et organisatrice de la rencontre, ainsi que d’Anne-Marie Barone, Melete Solomon et Laetitia Carreras, présentées plus haut- a rédigé le soir une plateforme commune à partir des revendications issues des 12 ateliers.

Spectacles et chants ont animé la soirée festive :

  • Itinérances (contes, danses et chants) avec le Collectif T'Y du Valais, d'horizons divers : Turquie, Kurdistan Turque, Ouganda, Venezuela, Suisse, Lituanie, Syrie, Sri Lanka, Cameroun
  • SORS ta CIÈRE avec la Compagnie la Campanazo
  • Chorale féministe genevoise du 14 juin

Une soirée riche et joyeuse. En un mot : réussie !

 

Dimanche 29 septembre :

Assemblée plénière : Discussion et adoption d’une plateforme commune modérée par Michela Bovolenta

Cette assemblée a adopté la plateforme issue du travail des ateiers pour créer un espace européen de résistance. Distribué en français et en anglais, ce texte a donné lieu à de nombreuses et intéressantes interventions qui ont permis d’affiner et de préciser la formulation de telle ou telle exigence ou revendication.

Manifestation au Rond-Point de Plainpalais à Genève:
 Un rassemblement et une lecture publique de la plateforme 3) fraîchement adoptée ont été organisés en fin de matinée. Pinar Selek a présenté à cette occasion une action à construire ensemble avec d’autres forces et groupes militants pour les droits des réfugié-e-s : l’occupation des frontières à Vintimille en 2020.

Déjà proposée en plénière vendredi soir, cette action a fait l’objet d’un atelier « pirate » qui a approfondi le sujet et regardé comment mettre en place une coordination pour préparer cette occupation des frontières. Cette proposition a été largement applaudie et plébicité par toutes les participantes à la rencontre européenne Femmes, Migrations, Refuge.

La coordination de la Marche mondiale des femmes/Europe, qui s’est réunie dimanche après-midi et lundi 20 septembre, en vue du lancement de la 5me action planétaire 2020, a décidé de soutenir cette occupation à la frontière franco-italienne. Marcela de la Peña (MMF Belgique) participera au comité de coordination. Marianne Ebel cherche des relais en Suisse.

Le réseau européen de résistance, créé à Genève durant cette rencontre de fin septembre 2019, regroupe à ce jour des femmes d’Afghanistan, d’Allemagne, de Belgique, de Bolivie, de Bosnie-Herzégovine, du Brésil, de Catalogne, du Cameroun, du Chili, de Colombie, du Congo, d’Érythrée, de l’Etat espagnol, d’Ethiopie, d’Euskadi, de France, de Grèce, du Guatemala, d’Italie, du Kurdistan, du Liban, de Lituanie, du Maroc, de Norvège, d’Ouganda, des Pays-Bas, des Philippines, de Pologne, du Royaume Uni, de Sierra Leone, de Suisse, de Syrie, du Togo, de Turquie. Aux côtés des nombreuses exilées qui vivent en Suisse ou dans un des pays d’Europe, des femmes solidaires qui luttent avec elles en Suisse ou dans un des pays d’Europe pour la reconnaissance et l’extension de leurs droits ont également participé à cette rencontre. L’ambassade suisse du Maroc et d’Algérie ont refusé d’accorder un visa aux migrantes invitées comme intervenantes à cette rencontre, alors qu’elles avaient fait toutes les démarches à temps et en respectant toutes les règles.

A relever encore :

    • les délicieux repas tchadiens, cuisinés par l’association Utopie Nord-Sud

 

    • les 51 logements solidaires offerts par des habitant.e.s de Genève

 

    • le travail énorme des interprètes qui ont permis à toutes les femmes de se comprendre et d’intervenir dans leur langue tout au long de ces journées : Emilie Ferreira, interprète de Conférence, a mis en place toute l’équipe et mis à disposition son matériel ; Andrea Maltitz et Roswitha Ginglas (Allemand et français) ; Monica Diaz Casariego et Gloria Reina Sanchez (Espagnol et Anglais) ; Marie de Lutz et Emilie Ferreira (Anglais et Français).

 

  • l’accueil et la logistique assumés par le groupe de préparation, et en particulier par Christine Wyss (MMF Neuchâtel) et Jacqueline Heinen (MMF Genève), aidées par Louise Wehrli (Droit de Rester Neuchâtel), Solenn Ochsner (MMF Neuchâtel) Leana Ebel (MMF Neuchâtel), Marianne Ebel (MMF, Neuchâtel), Gabriella Pimentel (MMF Genève), Emilie Ferreira (Genève) et Laura Mancion (MMF Lausanne).

 

Notes

1) Le mot « Femmes » est dans tout le texte à comprendre dans un sens large, il renvoie à toutes les personnes indépendamment de leur orientation sexuelle, identité de genre et caractéristique sexuelle.

2) Les différentes interventions de cette table ronde et des assemblées plénières du lendemain seront sous peu à disposition sur www.marchemondiale.ch pour qui voudrait les écouter/réécouter.

3) La plateforme pour une Europe ouverte, solidaire, égalitaire et féministe, discutée et adoptée le 29 septembre à Genève en français, est traduite en allemand, anglais et espagnol. Elle est envoyée à toutes les participantes, ainsi qu’aux femmes qui se sont excusées et qui n’ont pas pu venir (parce qu’elles se sont vu refuser leur visa, par manque de place dans les ateliers, ou pour tout autre raison).