Genève, 12 novembre
9h à 16h30

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Sexismes, Racismes et Fondamentalismes

Autour des « événements de Cologne »

 

Les « évènements de Cologne » du 31.12.2015 relatés par les médias ont remis sur la table un débat qui traverse depuis quelques années la pensée féministe et qui a divisé les mouvements féministes, à l’instar du port du voile : celui de l’articulation entre sexisme et racisme.

Ces agressions sexuelles ont soulevé l’indignation des féministes qui luttent depuis des décennies contre les violences faites aux femmes mais aussi, de toute part, un déferlement de racisme et de rejet des musulman-e-s et des migrant-e-s, comme si les occidentaux bon teint, pris de boisson lors de fêtes ou de match n'abusaient pas également des femmes et que les violences envers les femmes n’étaient pas un problème de société majeur en Occident. Notre questionnement central est celui de pouvoir réfléchir à ces événements sans devoir choisir entre le combat anti-sexiste et celui anti-raciste.

En effet depuis quelques années la droite, l’extrême-droite (mais aussi dans une certaine mesure la gauche) tendent à utiliser les femmes et le féminisme comme une mesure de l’acceptation de l’Autre, désigné comme celui qui « maltraite ses femmes » alors que Nous les respectons et leur accordons l’égalité des droits. Nous sommes évidemment conscientes du fait que l’instrumentalisation de la cause féministe par des partis et mouvements politiques qui ne l’ont jamais soutenue historiquement ne vise qu’à nous instrumentaliser pour gagner du terrain et des voix.

De manière plus large, tout se passe comme si les différentes formes de domination et de violences envers les femmes concernaient un ailleurs plus ou moins lointain – ou importé – et que l’Occident en devenait ainsi presque exonéré. Ce processus participe à l’invisibilisation des inégalités et des violences vécues par les femmes d’ici.

Par ailleurs, cette focalisation sur l’Islam et les musulman-e-s escamote le fait que toutes les religions ont toujours essayé de contrôler le corps des femmes, d’assigner les femmes à des rôles et des représentations qui permettent ce contrôle et donc la domination des hommes.

La simplification des discussions et la binarité des argumentations autour des « évènements de Cologne » ne nous permettent pas de nous forger une compréhension nuancée des enjeux politiques qui se nouent autour du racisme et du sexisme.

Par ailleurs il n’est pas possible de laisser à la seule extrême-droite la dénonciation de la montée de l’intégrisme musulman. En effet, ces forces politiques utilisent la religion comme camouflage pour leur propre agenda non religieux, mais tout aussi patriarcal. La montée des nationalismes populistes en Europe, dite de l'ouest ou de l'est, est aussi très préoccupante. S'il faut dénoncer haut et fort la terreur infligée par les intégristes musulmans ici ou ailleurs, il ne faut pas occulter les intégrismes des autres monothéismes, qu'il soit catholique, évangéliste ou juif, également dangereux. D'ailleurs, les religions polythéistes ne sont pas en reste comme le montre l'exemple de l'Inde avec l'accession au pouvoir du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) et de son chef de file.

On retrouve les mêmes caractéristiques chaque fois, régime religieux ou non: entre autres, le contrôle de la vie et de la sexualité des femmes. De plus, le discours patriarcal sexiste et homophobe des fondamentalistes peut donner l’autorisation à des hommes de commettre des violences sexuelles et des crimes.

L’étiquette « islamophobie » est souvent utilisée pour évacuer toute critique des positions et pratiques des intégristes. Et souvent, des forces de gauche et des féministes tombent dans le piège. Ainsi la dénonciation de la stigmatisation des musulman-e-s ne doit jamais être séparée de la critique des intégrismes.

En période d'ultralibéralisme dominant, sans opposition sérieuse (effondrement du communisme), semant la misère et la division entre les peuples, le racisme est un bon moyen pour masquer les vrais problèmes, c'est-à-dire l’accaparement des richesses par une minorité et la destruction de l’environnement.

Pour essayer d’y voir plus clair nous souhaitons organiser un séminaire le 12 novembre 2016 qui permettra, nous l’espérons, d'approfondir nos réflexions.

Plusieurs interventions sont prévues sur la stigmatisation, la montée des intégrismes et des nationalismes dans une perspective féministe.

Un ensemble de textes et d'articles de presse sera envoyé en temps voulu pour se préparer à la journée (de 9 h à 16 h 30).

 

Inscriptions indispensables, comme pour les séminaires précédents de « Femmes, féminisme et pouvoir »: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
ou EFI, Tannerie 2 bis, 1227 Carouge