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Turquie : les droits des femmes et des peuples durement acquis sont supprimés

Contexte

Vague de répression sur tous les opposants
Suite à la tentative de coup d’État manqué du 15 juillet 2016, nous faisons face à une vague de répressions sans précédent en Turquie. Les purges consécutives au coup d’Etat se sont produites alors que l’Etat turc avaient déjà commencé à attaquer les libertés d’expression, d

Des associations et des assemblées.
De nombreux organes de presse et maisons d’édition ont été fermées, y compris la première agence de presse exclusivement féminine JINHA, ainsi que des chaines de télévision, des stations de radio et des journaux. Plus de 160 organes de presse ont été dissous depuis la tentative de putsch de juillet, et plus de 130 journalistes se trouvent à l’heure actuelle en détention préventive.

La détention depuis hier soir de 12 député-e-s du Parti Démocratique des Peuples (HDP), parti de gauche pro kurde, marque une nouvelle escalade dans la répression de ceux qui protestent contre l’état d’urgence turc.

Arrestation de Co-maires kurdes remplacées par des administrateurs non-élus.
Depuis le 11 septembre, 37 co-maires de municipalités kurdes ont été arreté-e-s et des administrateurs non-élus ont été nommés dans 35 municipalités. La première chose que font ces administrateurs c’est de fermer les services des droits des femmes et les centres pour femmes. Les personnes à la tête de ces départements ont été détenus pendant 26 jours et questionnés sur leurs activités liées à l’égalité femmes/ hommes.

Les femmes sont les premières cibles.
Les centres pour femmes de ces municipalités ont tous été fermés et les femmes travaillant dans ces centres ont été licenciées. De surcroît, des documents contenant des informations confidentielles sur 2.000 victimes de violences ont été saisis par les administrateurs.

Ce ne sont pas seulement l’autodétermination et l’autonomie des femmes qui sont attaquées, mais aussi les réalisations historiques des mouvements de femmes.

Purges dans le secteur public de la santé et de l’éducation.
Commencées au sein des médias, journalistes et universitaires, les purges s’étendent désormais aux fonctionnaires travaillant principalement dans les services dédiés à la santé et à l’éducation.

Plus de 100 000 fonctionnaires ont ainsi été limogés ou mis à pied au sein des services de santé, éducation et justice. Des employés ordinaires sont punis sur simple base de leur appartenance ethnique ou de leurs opinons politiques. Les vies de milliers d’employé-e-s et de leur familles sont ainsi détruites sans la moindre preuve.

Ces purges massives du secteur public affectent les femmes au premier plan, et ce de deux façons différentes :

  • les femmes sont les premières touchées par les révocations et les mises à pied car elles travaillent principalement dans les secteurs de la santé et de l’éducation, qui sont les secteurs actuellement purgés.
  • elles sont également touchées de façon indirecte en tant que principales bénéficiaires des services fournis par les professionnels de la santé et de l’éducation.

 

Suspension arbitraire des activités de certaines ONGs.
Le 11 novembre, le Ministère de l’intérieur a annoncé la suspension des activités de 370 ONG, dans 39 provinces, selon la loi de l’état d’urgence. Suite à cette annonce, les bureaux d’associations de femmes combattant toutes sortes de violences contre les femmes et les mariages d’enfants ont été scellés sans préavis.

L’Association Progressiste des Avocats et l’Association des Avocats pour la Liberté, qui représentent des victimes de tortures et discriminations ont également été fermées, alors que la torture et les mauvais traitements en prison ne font qu’empirer.

Les femmes et leurs organisations constituent la cible principale.
Parmi les ONG mises sous scellées, le KJA (Congrès des femmes libres) et l’Association des Femmes Arc-en-ciel sont des membres actives de la MMF ; VAKAD (association de femmes de Van), l’Association des Femmes de Selis, le Toit des femmes de Muş, l’Association de Solidarité des Femmes Bursa Panayir, l’association Vie de femmes Adiyaman et l’Association de femmes Ceren sont des organisations féministes bien connues pour leur lutte contre les discriminations liées au genre et les violences sexuelles.

La suspension des activités des organisations de femmes est une attaque directe contre les femmes qui luttent contre la violence, et contre toute tentative des femmes de s’organiser en tant que pouvoir.

Toutes ces arrestations arbitraires violent les droits à la liberté d’expression et d’association garantis par des conventions internationales ratifiées par la Turquie. L’état d’urgence outrepasse les obligations de la Turquie face au droit international et jette aux orties des libertés et droits chèrement acquis.

Nous, la Marche Mondiale des Femmes, appelons toutes les femmes à faire preuve de solidarité et sonorité face à ce régime d’horreur, patriarcal, coercitif et opprimant qu’est la Turquie.

Nous demandons aux femmes de la MMF :

  • de mobiliser les lobbies internationaux à travers des instruments internationaux tels que UN women, le Comité CEDEF, le Lobby Européen des Femmes, etc ainsi que nos alliés parmi les mouvements sociaux et les syndicats;
  • d’organiser des délégations internationales pour rendre visite aux femmes prisonnières ainsi qu’aux organisations de femmes illégalement scellées;
  • d’organiser toute forme d’action, qu’elle soit virtuelle ou dans la rue en utilisant tous les moyens de communication possibles.

 

Nous appelons le gouvernement turc à :

  • relâcher et réintégrer dans leurs fonctions tous/tes les co-maires démocratiquement élu-e-s ; tous les prisonniers et prisonnières politiques arrêté-es illégalement pour leurs idées ;
  • mettre fin aux suspensions arbitraires des activités des ONG concernées ;
  • respecter les valeurs démocratiques et la liberté des syndicats selon les conventions de l’OIL ainsi que d’autres chartes européennes et internationales ;
  • respecter et protéger les droits et les libertés ; mettre fin immédiatement à l’état d’urgence ainsi qu’aux décrets exécutifs en tant qu’outils de répression des mouvements de protestation.